Le G8 et l'Onu appellent les pays émergents à coopérer sur le climat
Une réunion internationale sur le climat s'est ouverte lundi à Berlin pour tenter de surmonter les réticences des pays émergents à participer à des négociations pour un accord de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
"A l'heure actuelle, tout le monde n'est pas encore disposé, en particulier les pays émergents, à participer à des négociations" pour élaborer un cadre international de réduction des gaz à effet de serre à expiration du protocole de Kyoto en 2012, a indiqué devant la presse le ministre allemand de l'Environnement, Sigmar Gabriel.
Les vingt plus gros consommateurs d'énergie de la planète, dont le G8 (Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie, Etats-Unis, Canada, Japon, Russie) et les grands pays émergents, ainsi que des représentants des Nations unies et de la société civile sont réunis à Berlin jusqu'à mardi pour trouver un terrain d'entente avant la conférence de Bali en décembre, censée décider du lancement ou non de négociations pour un accord post-Kyoto.
M. Gabriel a estimé que la position des pays émergents et en développement, qui refusent de négocier et continuent à dénoncer "la responsabilité (historique) des nations industrialisées+", devait "changer d'ici Bali".
Les pays émergents comme l'Inde ou la Chine, deuxième pollueur mondial derrière les Etats-Unis, justifient leur refus de participer à un accord international, notamment par leurs besoins de développement.
Ils proposent des actions individuelles alors qu'une majorité des nations industrialisées souhaitent un accord sous l'égide de l'ONU impliquant un maximum de pays.
Aujourd'hui, "le plus important problème est le manque de confiance entre les pays industrialisés et les pays en développement", a jugé une représentante de l'Onu, la Norvégienne Gro Harlem Brundtland.
Les premiers pensent que les pays en développement "n'ont pas la volonté (de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, ndlr) et qu'ils font trop peu", tandis que ces derniers considèrent que "le monde industrialisé a failli dans sa promesse d'assistance financière et technologique", a-t-elle dit.
"Aucun d'entre nous ne doit demander aux pays en développement de freiner leur développement" a relevé Mme Brundtland, estimant que ces pays devaient être encouragés à "éviter les étapes les plus polluantes de leur développement".
Pour y parvenir, il faut notamment,a-t-elle dit, favoriser le transfert des technologies propres et mobiliser les investisseurs privés et publics, l'un des sujets principaux de la réunion de Berlin.
Le Club de Madrid et la Fondation des Nations unies, deux think-tanks constitués d'anciens chefs d'Etat et de gouvernement, de représentants du monde des affaires et de la société civile, ont planché sur les implications politiques et économiques de la question climatique, dans un texte cadre, le Global leadership for climate action (GLCA).
Ce texte propose de réduire d'ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre de 60% par rapport à 1990, avec une contribution différenciée en fonction du degré de développement du pays et l'instauration d'une taxe sur le carbone.
"C'est un accord qui inclut tous les pays, tous les secteurs, toutes les sources d'émissions, et qui traite de la réduction comme de l'adaptation", a expliqué lundi l'ancien président chilien Ricardo Lagos, envoyé spécial de l'Onu sur le climat et président du Club de Madrid.
"Nous espérons que l'Onu se servira de ce travail", a-t-il ajouté, et ce, dès la conférence sur le climat organisée par Washington fin septembre, qui constituera la dernière grande étape avant la réunion décisive de Bali.